L'étrange Noël de monsieur Duchossoy (Première partie sur six)

La lumière s'éteignit, puis se ralluma. Alors que tout devenait clair, elle s'éteignit à nouveau. Je regrettais presque de ne pas être née aveugle car peut-être, dans l'obscurité, aurais-je pu ainsi arpenter le chemin de ma sombre vie...

Un an trop tôt: entrez dans le rêve 1/6

Lorsque je fis la connaissance de Mr Duchossoy, je vivais dans un total délabrement psychologique et financier. J'étais prête à tout pour décrocher un emploi, et quand l'opportunité se présenta, je n'hésitai pas un instant.

Malgré le manque d'expérience, il me proposa un poste dans les ressources humaines à pouvoir immédiatement. Je possédais d'après lui les qualités requises, ainsi que le profil idéal.

Alors que quelques heures auparavant mon avenir paraissait sombrer dans les abîmes, de nouveau, l'horizon s'éclaircissait avec l'espoir d'une vie meilleure.

Il ne me manquait plus que de rencontrer le prince charmant et ainsi, réaliser mes rêves: fonder une famille, adopter un chat ou un chien - hummm... plutôt un chien - partir en voyage, découvrir le monde.

Bientôt Noël... Et si pour cette occasion, je commandais tout çà au monsieur à la barbe blanche, après tout, n'étais je pas une jeune fille sage ?

Mon premier mois se passa sans encombre, jusqu'au jour où, je fus convoquée dans son bureau. Il m'exposa avec un minimum de mots la situation: il fallait virer du personnel.

Aucun critère particulier, les noms seraient tirés au hasard.

Je fus prise de vertige. Mon corps, tout en sueur, vacillait.

Alors que je sortais moi même d'une situation dramatique, il m'incombait de briser la vie de pauvres gens.

Je commençais par protester devant cette façon de faire, mais son regard devint dur et menaçant.

Les yeux plissés, les sourcils baissés, ainsi que sa mâchoire crispée, donnait à ce visage un air terrifiant qui me laissa sans voix.

Pendant plusieurs nuits, ce visage hanta mes cauchemars aussi effrayants que délirants.

Et pourtant, l'entreprise fonctionnait correctement.

Je le lui fis remarquer. Je m'entendis répondre que si les affaires étaient florissantes  actuellement, qui pouvait prévoir qu'elles le seraient dans un an ou deux.

Les jours passèrent et c'est en cette veille de Noël qu'il me revint le devoir d'annoncer la mauvaise nouvelle à mes collègues d'infortunes.

Je trouvais cette façon de faire détestable, mais je n'avais pas d'autres choix que d'accomplir les désirs de cet homme sans pitié, ni morale.

Les petits bouts de papier qui sortaient de ce maudit chapeau, envoyaient tout droit d'innocente victime à l'échafaud.

Si les uns réussirent à retenir leurs larmes, d'autres par contre s'écroulèrent littéralement.

La peine, la douleur, voir la résignation prenaient le dessus sur la colère.

Quant à moi, j'étais complément écœurée, lessivée.

Une fois seule, je fondis en larme.

Le soir même, nous étions invités à une oeuvre de charité pour les sans abris. Mr Duchossoy fut choisi pour présider la soirée.

Derrière un visage doux peut se cacher la haine,  sur les traits de son visage dur, on lisait l'horreur.

Je vous vois venir. Vous pensez qu'après tout, il n'était pas si mauvais que cela, et que l'on aurait pu y trouver une quelconque once d'humanité, voir une petite lumière émaner de ce personnage. N'en croyez rien, cela s'avérait impossible. 

Il m'invita à monter dans son véhicule et malgré mon refus, je dus capituler devant son insistance. J'étais bien loin d'imaginer ce qui allait suivre.

Durant le trajet, un pesant silence régnait à bord.

Quand soudain au loin, nous aperçûmes une silhouette, probablement celle d'une biche.

Il entra dans un état second, son instinct de prédateur prit le dessus.

Quel pouvait bien être son intention quand il fit cracher le feu à son véhicule ? lui seul, le savait.

Tout à coup, il y eu un choc et un fracas étourdissant.... 

Nous venions de percuter un arbre.

Devant sa dépouille, j'éprouvais une forme de tristesse. Pourtant, quelques heures auparavant, je le détestais, je le haïssais, jusqu'à vouloir sa mort.

Par miracle, je ne fus que très légèrement blessée, mais pour lui, il était déjà trop tard lorsque les secours arrivèrent. 

Monsieur Duchossoy venait de rendre son dernier souffle.

Son corps fut transporté à la morgue.

La suite de l'histoire me fut racontée par Mr Duchossoy en personne.

Ne mourrez pas d'impatience, ce serait dommage à l'approche de Noël...

à suivre...

Jim Alone Carlson le 5 décembre 2009




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