Cycle : les arrache-cœurs
Livre I Chapitre 1
Acte 1
Derrière l'esprit de Noël se cache une puce
L'inquiétude règne au sein de la communauté des enfants de l'atome. Nul ne peut encore l'imaginer, mais le père Noël est peut-être mort. Les grands magasins, en berne, ne diffusent plus que de pseudo chants de Noël. De qualité vulgaires et à bas prix, ils feraient fuir les anges et retarderaient l’avènement du petit Jésus. L'éclairage festif des grandes villes, pourtant si friandes à consommer de l’électricité au frais du contribuable, ne brille que par son absence. Pas de sapin décoré, aucune lumière scintillante. Et le le Père Noël dans tout ça ! Il a succombé à la volonté politique de le faire disparaitre à jamais de la mémoire collective. La télévision, reflet de notre époque, a carrément supprimé tout signe religieux et surtout, fait sombrer le rêve des enfants au fin fond des abimes de la médiocrité. Noël ne restera donc plus qu'une période de grande frénésie commerciale. Il sera bon ton dorénavant de se souhaiter de joyeuses fêtes en supprimant le mot maudit... Noël.
Acte 2
Deux années se sont écoulées. Les enfants de l'atome ne sont pas plus rassurés. Aucune signe de vie du Père noël. Pire encore, ils viennent de comprendre. Derrière cet amas de cadeaux, plus technologiques les uns des autres, les adultes pris dans la tourmente d'une vie qui ne leur appartient plus, s'offrent à crédit des sentiments que le temps dilue dans l'acide. Sans le savoir, à moins qu'ils le feignent, les voila ambassadeurs d'un État de fait. D'un État gouverné par l'obsessionnelle volonté de tout contrôler. Le prix à payer : la liberté. Mais peut importe, il faut être à la mode.
Un vent de rébellion souffle au sein des enfants de l'atome. Un vent qui faiblira une fois que leurs yeux ébahis découvriront les premiers cadeaux. Une tablette pour les uns, un téléphone portable nouvelle génération pour les autres. Et pour tous, le meilleur moyen d’être déconnecté de la réalité.
« Telle une perfusion, le poison s’écoulera lentement dans leurs veines... »
Acte 3
Pieux sont les vœux de la nouvelle année
Les enfants de l'atome sont là, réunis autour d'un feu de joie qui n'inspire que la désolation. Sont-ils pour autant tristes ? Certainement pas. Joyeux alors ? N'abusons pas, d'autant plus qu'ils sont plus que désabusés. En fait, ils ne recherchent qu'un peu de chaleur, une couverture, que le froid de cette nuit d'hiver, nuit du premier jour de l'année, serait incapable de leur fournir.
Les enfants de l'atome se racontent des histoires. Si certains essaient d’être drôles, la bande son d'Angelo Badalamenti, première saison de Twin Peaks, tout aussi envoutante que déroutante, fait défiler des images empreintes d'une grande nostalgie.
Alors ils boivent, ils n'ont que ça à faire. Alors ils fument, tout en sachant que c'est leur vie qui s’évapore un peu plus chaque jour. Un jour peut-être, quand tout ira mieux, ils vivront sainement. Mais en attendant, ils végètent, se laissent aller dans une certaine forme de crasse. D'ailleurs, les plus crasseux d'entre tous, ne sont ils pas ces gens trop propres sur eux, pleins de bonnes manières qui les regardent avec une certaine forme d'arrogance, de mépris !
Tout à coup, il se passa une chose inattendue. L'un d'entre eux posa une question stupide, une question sortie de nulle part. L'avaient-ils écouté prononcer ses vœux ? Mais qui donc ? A 20 heures ! A la télévision, lui, notre président. Et tous éclatèrent de rire. Des rires qui devinrent des fous rires au fur et à mesure qu’ils se lancèrent dans un jeu de rôle, un jeu de mime. La nuit s’achèvera, le jour lui succédera. De pauvres enfants se réveilleront avec la gueule de bois. Heureusement, le feu ne sera plus que l'ombre de lui-même.
Une année aura laissé la place à une autre année. Sera t-elle meilleure ? Sera t-elle plus pire ?
Des larmes, des visages tristes ne peuvent laisser aucun doute sur l'issue tragique des jours à venir. Pourtant, l'espoir sommeille en chacun d'eux.
Les enfants de l'atome© de Jim Alone Carlson le 01/01/2016
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