L'étrange Noël de monsieur Duchossoy (Sixième partie sur six)

La fin d'un voyage, le début d'un autre.

Un an trop tôt: entrez dans le rêve 6/6

 Jacques allait devoir faire un dernier choix. L'homme au crane nu apparut en même temps que son arrivée dans ce nouveau lieu. Un lieu apaisant.

- Je ne vous attendais pas si tôt, j'en suis tout de même ravi.

- vous êtes...vous êtes....mais vous êtes Dieu !

- Dieu? pourquoi pas, si cela vous fait plaisir. Vous les hommes, vous avez besoin d'un être suprême aux multiples qualités, à la puissance destructrice ou bienfaitrice selon vos humeurs.

Mais j'y pense, combien d'entre vous ne croient en ce dieu, seulement quand le malheur les frappe.

Je vais vous inviter à faire un retour sur les 30 dernières années de votre vie, vous aurez ainsi l'occasion de reconsidérer vos actes. Vous emprunterez le même chemin, et à tout moment vous pourrez modifier le cours des choses, juste par la pensée.

- puis je vous posez une question ? où sommes nous?

Je suis un peu perdu. Je ne sais toujours pas à quoi je ressemble, je n'ai aucun corps, et pourtant je pense, je vois, et je vole. Je suis transporté d'un lieu à un autre, des endroits parfois sinistres, d'autres froids ou bien comme celui ci qui ressemble à l'image même du paradis.

Nous sommes assis sur un nuage, il y a deux portes que je visualise, sans aucune fondation, et il y a tous ces gens qui m'ont l'air si heureux, je crois même en reconnaître certains.

- Jacques, je n'ai pas le droit de vous répondre, du moins pas encore. Saisissez votre dernière chance, cela arrive si rarement. Nous avons tenu compte de certains éléments, qui de bien entendu resteront secrets. Il est l'heure, laissez vous porter, soyez fort car ce que vous allez voir vous l'avez vécu sans même vous en apercevoir. Quant au reste, nous en reparlerons plus tard. N'oubliez pas, c'est votre ultime chance !

Ce que vit Jacques l'horrifia. Il remonta bien trop loin dans le temps, ce qui n'était pas prévu. Les images défilèrent dans son esprit, il revit la mort de son frère, il put comprendre la culpabilité qui hantait son père, mais il ne put l'excuser.

Le pire vint quand il put voir les conséquences de ses propres actes. Il pénétra dans les demeures de ces pauvres gens qu'il avait du jour au lendemain congédié. Il assista à leur déchirement, à leur descente dans les bas fonds de la vie. Pour vivre, ils étaient prêts à tout, du moins ils n'avaient pas le choix. On en retrouvait certains ivres morts, tandis que des femmes faisaient le trottoir juste pour donner un peu à manger aux enfants. Sous le poids d'un lourd fardeau, ils rampaient à même le sol, sans espoir de se relever.

Il revit l'enfant et cette mère affolée. Elle affrontait le froid et les maladies dans les sombres rues du village. Jacques se souvint soudain qu'il passait souvent prés d'eux, sans jamais oser les regarder, pestant contre cette odeur de puanteur qui l'incommodait.

Si il avait pu, il les aurait chassé de son passage, et c'est bien ce qui était prévu le soir de cette fameuse réception pour les sans abris. Il en était l'organisateur, sans que personne ne le sache. En tant que président d'honneur, il proposerait sous l'aspect d'un ambitieux programme pour les SDF, un mouroir éloigné des gens dits "respectables".

Ainsi se termina le voyage de Jacques, et peut être qu'un jour on trouvera au fond d'un tiroir la partie manquante, celle qui n'avait osé raconter mais pour l'instant, laissons lui un peu de répit car....

De retour, auprès du guide (féminin).

 - En ce premier jour de l'année, permettez moi de vous offrir un cadeau !

- lequel ? demanda Mireille.

- une petite année, histoire de faire passer un message, notre message.

- accepter Jack ! implora Mireille.

Mr Duchossoy n'avait toujours pas ouvert la bouche.

- Jack, dites quelque chose, parlez ! je vous en supplie !

Mr Duchossoy dont le corps venait de se matérialiser se mit à genoux et serra fortement les jambes du guide. Il pleurait à chaudes larmes. Une métamorphose prenait vie en ce lieu.

Un homme naissait pour la première fois, un autre disparaissait à jamais.

"Il est né le divin enfant

Jouez hautbois, résonnez musette

Il est né le divin enfant

Chantons tous son avènement...." *

Et l'on revient au début de l'histoire, de notre histoire.

 ... Et des anges chantaient devant l'admiration de leurs parents et des passants émerveillés.

Les chants se terminèrent sous une salve d'applaudissement.

Un homme tapait si fortement dans ses mains qu'elles en étaient toutes rouges.

Des larmes coulaient de ses yeux, des larmes qui nettoyaient tant d'années gâchées, des noëls de solitude et de vies brisées.

Il n'avait qu'une année, la tâche s'annonçait rude alors il commencerait de suite.

Peu importe la suite, vous pouvez l'imaginer, tout n'était que bonté et amour. Et voila comment je retrouvais Mr Duchossoy, complètement transformé.

Ce fut une année fantastique et quand l'année suivante il mourut, nous étions nombreux à nous souvenir de cet homme qui avait tant œuvré pour les nécessiteux.

Je vous avouerai que je n'avais jamais cru à son histoire. Comment cela est il possible?

Était-il devenu fou lorsqu'il me raconta son voyage au delà du réel.

Mais alors pourquoi cette sensation d'avoir vécu le début de l'histoire, l'accident.

Je n'y comprenais plus rien...

En guise de conclusion, voici ce que je l'entendais répéter régulièrement :

La vie ne dure que le temps de préparer la suite.

Celui qui croit tout posséder est dans l'erreur.

Celui qui croit être riche est un pauvre d'esprit.

Celui qui n'a que de la haine s'enfermera dans la peine.

Celui qui croit détenir le pouvoir ne connaîtra que la noire solitude.

Quant à tous ceux qui ne vivent qu'à travers l'amour, la bonté, la compassion, la protection, qu'ils suivent le chemin de la vie.

Qu'ils continuent à la vivre pleinement sans se poser de question....

Fin de la version abrégée.

Jim Alone Carlson le 11 décembre 2009

* chant de Noël populaire

L’histoire commence ici : L'étrange Noël de monsieur Duchossoy (Première partie sur six)



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