L'étrange Noël de monsieur Duchossoy (Troisième partie sur six)

Sur l'échiquier en noir et blanc de l'espace temps, en plein cœur de la zone négative, le corps à corps sensuel de deux âmes perdues, émerveilla les dieux. 

Un an trop tôt: entrez dans le rêve 3/6

 - Mr Duchossoy, je crois qu'il est  temps que je m'en aille. Mon nouveau corps est presque entièrement constitué.

- Depuis combien de temps suis je ici ?

- Le temps n'a plus aucune importance.

- Mais... depuis que nous discutons ensemble, et alors que vous... vous...êtes à nouveau quelqu'un, je suis toujours presque rien.

- En effet, c'est bizarre ! mais ne vous inquiétez pas, ce n'est peut être juste qu'un petit retard.

Bien, pour moi c'est l'heure, voici le guide.

Un homme de grande taille, au crane nu, fit son apparition

Jacques essaya de l'interpeller mais de sa main, il lui fit signe de ne rien dire et la mort dans l'âme, il se résigna.

- A très bientôt Jack ! Ce serait un immense plaisir de vous revoir !

Même si notre première approche fut assez froide, au sens propre comme au figuré, je suis impatiente de pouvoir rediscuter avec vous.

Le corps bleuté de Mireille devint rosé et Jacques sourit, ce qui pouvait être assimilé à un miracle.

Un miracle certes, mais cela ne suffit pas, car plus de trois personnes arrivèrent après lui et toutes partirent avant lui. Il était toujours un être sans forme.

Il m'a toujours détesté mais lui, s'aimait-il au moins ? Bien que lui et moi, nous ne formions qu'un alors, peut être, que c'est moi qui le haïssait !

Le temps passa, puis son tour arriva.

Un personnage à la voix sinistre, drapait d'une immense cape noire apparut.

 - Une femme ? mais ce n'est pas vous que j'attendais.

- Une objection ? Pensez- vous que vous pouvez encore vous le permettre ?

- Je crois que c'est très clair, je ne peux ni ne veux vous suivre. Je dois rejoindre Mireille.

- Âme sombre Duchossoy, vous n'aviez pas un rendez-vous avant le drame ?

- En effet, j'étais très attendu d'ailleurs .

- Et vous étiez assez heureux de vous rendre auprès de tous ces gens ?

- Bien sûr, j'en étais même fier, je devais...

- Pourquoi mentez-vous ! Vous n'aimer personne. Si seulement. Si seulement une fois dans votre triste vie vous aviez eu de la compassion...

- Mais, ce n'est pas...

- S'il vous plaît ! ne m'interrompez pas ! Vous n'existez que par et pour le malheur des autres.

- Et moi, cria t-il, qui se soucie de mon malheur ?

Vous étiez où quand mon père.... à ce moment la gorge de Jacques se noua et il ne put dire un mot de plus, il redevenait le petit enfant.

- Et alors ! rien ne vous obligez de tout reproduire en pire.

- Je vous interdis de me parler sur ce ton !

- Et moi je vous conseille de me suivre !

- Très bien, mais je crois que vous allez le regretter !

- Des menaces ?

Si vous saviez à quel point vous êtes odieux à nos yeux. Vous pouvez me remercier car personne ne voulait de vous, vous étiez condamné à errer.... pour l'éternité.

On se prend des claques dans une vie mais certaines, plus que d'autres, vous brisent. Ce ne sont pas celles qui vous font mal physiquement mais celles qui vous touchent au plus profond de vous.

Extrait du journal intime de Jacques Duchossoy, retrouvé dans un tiroir de son bureau:

papa m'a encore puni ce soir. il est très en colère car il a dit que j'avai des mauvaises nautes, et que pascal, il était plus intelligent que moi, et que c'est moi qui auré du mourir, pas lui.

je fai tout se que je peus, mais tout le monde dit que je suis un bon à rien. il a encore bu et il a tappé maman.

moi aussi, il m'a tappé tré tré fort, j'ai mal, mal de partout. il a kassé tous les jouets et qu'il a dit qui c'était le père noël, que c'était le monsieur qui demande de l'argent devant le magasin. celui qui sent mauvai et qui me fait peur

papa il crie encor et maman elle pleure très fort.... non maman, pleure pas aide moi j'ai besoin de toi, papa revient, j'ai fai pipi sur moi, je suis tout mouillai...

j'ai peur maman. 

non papa, non papa sil te plai

Je ne voulais pas qu'il meurt. Je ne voulais pas qu'il vive. J'aurai simplement voulu qu'il n'ait jamais existé.

Pascal mourut le jour de la naissance de Jacques. Les parents qui partirent dans la précipitation pour l'accouchement, le laissèrent entre les mains, trop occupées, de leur jeune voisine. Son petit ami la rejoint et trop content de pouvoir jouir d'un moment à eux, cachés du regard des autres, ils se bécotaient à tout rompre comme si demain, cela ne pourrait plus jamais leur arriver. Il s'en donnaient à cœur joie.

Pascal laissé sans surveillance commis une imprudence qui lui fut fatale.

Depuis ce drame, le père, sous le poids de la culpabilité, devint alcoolique. Puis il s'en prit à son fils lui faisant subir des humiliations en tout genre. La mère essaya bien de prendre la défense du petit, mais cela lui valu a son tour les pires malheurs...

Les blessures physiques finissent par se cicatriser, mais celles du cœur restent ouvertes... à jamais 

Jim Alone Carlson le 7 décembre 2009

L’histoire commence ici : L'étrange Noël de monsieur Duchossoy (Première partie sur six) 





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